LA FÉE AUX CHOUX et autres trésors d’Alice Guy

jeudi 13 juin 2024 à 20:00 - Bobine du jeudi / Soirée spéciale

 
Une séance événement qui rend hommage à la première femme cinéaste de l’Histoire. 
 
Avec l’aimable collaboration de Gaumont-Pathé Archives

C’est un événement de taille ! 6 courts métrages d’Alice Guy.
Les films, rarement projetés en salle, sont des trésors historiques à découvrir en version restaurée sur grand écran.

Première femme cinéaste de l’histoire, contemporaine des frères Lumière et de Georges Méliès, Alice Guy tourne ou supervise près de 600 films entre 1896 et 1920, dont il nous reste environ 150 titres. Longtemps négligée par l’histoire du cinéma, sa carrière est aujourd’hui mieux connue : Alice Guy débute en tant que secrétaire de Léon Gaumont avant de s’essayer quelques années plus tard à la mise en scène et de prendre la direction du premier théâtre de prises de vues des studios Gaumont en 1902. Elle s’installe aux États-Unis avec son mari Herbert Blaché en 1907, où elle fonde son propre studio, Solax, dont les productions rencontrent de grands succès auprès du public américain. Alice Guy rentre en France en 1922, usée par la fermeture de Solax, huit ans de réalisations pour d’autres compagnies, et un divorce. À son retour, il n’y a plus de travail pour elle dans les studios français. Alice Guy se tourne vers l’écriture et se consacre, à partir des années 1930, à une nouvelle quête : retrouver ses films et inscrire son œuvre dans l’histoire du cinéma. La richesse de sa filmographie, qui s’étend sur près de trente ans, nous apprend beaucoup sur la naissance du cinéma et la société du début du XXe siècle. L’identification et les attributions des productions muettes Gaumont et Pathé font parties des missions quotidiennes de Pathé Gaumont Archives. Concernant Alice Guy qui n’a pas laissé de carnets listant précisément ses réalisations, un travail des attributions de ses films est en cours et nous avons décidé,  de présenter 6 films qu’Alice Guy a reconnu avoir tournés et qui sont introduits par des cartons titre « réalisé par Alice Guy »
FILMS PRÉSENTÉS ET COMMENTÉS PAR MARION COMBELAS, INTERVENANTE CINÉMA. 

La Polkas des Trottins / 1906 / 2’56 / NB sonore

Phonoscène. Chansonnette comique. Plan large de Félix MAYOL interprétant sa chanson devant un rideau drapé sur lequel sont imprimées des fleurs. Chanson synchrone. 

La Fée aux choux / 1900 / 1’15 / NB musiqué
Réputé être le premier film « de fiction » d’Alice GUY, mise en scène d’un scénario écrit. Devant la grille de jardin ornée de lierre, pousse un carré de choux au milieu duquel une gracieuse fée évolue. Elle s’attarde autour d’un chou et en sort un nouveau né qu’elle pose au premier plan. Puis, au hasard de ses délicates déambulations, elle sort un autre bébé du parterre qu’elle dépose aussi, branlant, devant les choux.
Le matelas alcoolique / 1906 / 9’44 / NB / Muet
Dans une chambre à coucher avec fenêtre ouverte sur les toits, une vieille femme se plaint de l’état de son matelas tout en refaisant le lit tandis que son mari, portant une toque noire d’intérieur ornée d’une pampille,lit le journal assis à la table. Le couple hèle par la fenêtre une femme, incarnée par un homme, qui fait bientôt son entrée et qui, spécialisée dans la réfection des matelas, quitte la pièce avec la paillasse. Arrivée sur les fortifications, un terrain vague herbu, la réparatrice installe le matelas sur un canevas et le reprise. Mais la soif lui fait quitter son poste, elle entre dans un bistrot (inscription CHOCOLAT DE VINCK au dessus de la porte) tandis qu’un ivrogne avise le matelas et décide d’y faire sa sieste. La femme revient, termine ses travaux de couture et décide de rapporter le matelas à ses propriétaires mais l’objet est retors : il se plie quand on veut le tendre, dévale les pentes et ne se laisse pas facilement attraper. Du haut d’un pont de fer, en équilibre sur le dos de la réparatrice, la paillasse se jette sous les roues d’une automobile. La femme l’en déloge et repart par les escaliers, luttant toujours contre son fardeau animé. Elle tombe avec dans un trou du quel l’extraie trois ouvriers, et repart avec l’objet tassé dans le fond d’une une brouette, se hâtant pour s’en débarrasser. Le couple de vieux l’attend avec impatience en tenue de nuit. Aussitôt livrés ils font le lit, se déshabillent se couchent et s’embrassent. Mais le repos est de courte durée, les voilà projetés hors de leur couche par un matelas très remonté… ils le jette par la fenêtre. Celui-ci arrive sur la réparatrice qui discutait sur le trottoir avec la concierge. D’un coup de canif la toile est lacérée et libère le vagabond sur lequel elle se rue très en colère. Le couple de vieux descend, un agent qui passe par là empoigne les deux lutteurs et les embarque.
Le fils du garde chasse / 1906 / 5’10 / NB musiqué
Tourné à Fontainebleau, l’illustration réaliste de la loi du talion. 
La marâtre / 1906 / 7’53 / NB musiqué
Drame réaliste. Elgé inscrit dans le décor. Dans un galetas une femme passe le balai tandis que le propriétaire, un ouvrier, aide à ranger la pauvre chambre. Dans un coin, son fils dort, et une fillette joue par terre. Une fois le ménage terminé, la femme s’en va avec sa petite fille. Plus tard, l’homme rend visite chez elle à la femme. Dans un décor moins misérable, elle fait du repassage, il lui offre des fleurs. Elle effeuille une marguerite et finit par accepter la demande en mariage de l’ouvrier qui offrira à sa fille un père et au garçonnet une mère. Retour dans le taudis. La femme finit de servir son déjeuner à l’homme qui part travailler. Une fois seule avec les enfants, elle bouscule le garçon qui porte une blouse d’écolier, l’oblige à balayer puis le met dehors. Sa fille qu’elle prend sur ses genoux pour lui offrir un bol de lait est par contre, l’objet de toutes ses attentions les plus tendres. Lorsqu’il rentre de classe avec sa blouse déchirée, elle le gifle et lui crie dessus, l’enfant ne trouve de salut que lorsque son père passe par la porte, il se jette dans ses bras. Le père donne un sou à son fils pour qu’il se rachète une blouse mais l’enfant se rend au cimetière où il s’écroule de chagrin sur la tombe de sa défunte mère. Un vieux militaire qui passe par là le console et part avec lui. Inquiet de l’absence prolongée de son garçon, le père s’est rendu au commissariat. Il tombe nez à nez avec son fils que le militaire a peut-être convaincu de porter plainte contre les maltraitances dont il est l’objet. On montre aux agents les marques sur les bras de l’enfant qui innocente son père et accuse la marâtre. De retour au taudis, le mari lui fait de violents reproches, manque de la battre avant que le courageux garçon ne s’interpose…
Espagne / 1905 / 11’48 / NB musiqué / Documentaire
Montage de Pierre PHILIPPE d’extraits MADRID : Le Prado et la fontaine de Cybèle – Palacio de Oriente – Environs de Madrid. GRENADE : La Sierra Nevada et l’Alhambra vus de l’Albaïcin – Alice GUY entourée d’enfants surpise par son opérateur Anatole THIBERVILLE. SEVILLE : Le Guadalquivir – Environs de Barcelone, le monastère de Montserrat – Danses gitanes. Plan sur Alice Guy de 00:03:47:22 à 00:04:15:00.
Pour aller plus loin et compléter la projection du film :
projection du film Be natural, l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché, samedi 15 juin à 17h30.